Ah si j'étais président...
Prenez les rennes d'un Etat
Qui ne s’est jamais énervé contre son chef d’Etat, estimant pouvoir faire mieux que lui ? Qui n’a jamais eu l’idée de virer cette bande d’incompétents au pouvoir ? Une grande majorité d’entre vous, j’en suis certain. Vous en avez rêvé, Positech l’a fait ! Dans Democracy 2, vous prenez les rennes d’un État et devrez gérer son économie, son budget et la politique intérieure dans ses moindres détails. On vous confie le pouvoir du Président (exécutif), mais aussi celui du Parlement (législatif). Vous avez donc entre les mains un véritable simulateur de politique intérieure. En revanche, pas de diplomatie, ni de guerre, ni réelles relations internationales. Et vu le travail qu’il y a à abattre et les myriades de possibilités offertes, on ne va pas s'en plaindre.
Le jeu vous place donc à la tête d’un Etat contemporain. Vous avez au choix une demi-douzaine d’Etats fictifs (le paradis écologiste, l’Etat agricole socialiste, le paradis capitaliste…) et en bonus, les Etats-Unis d'Amérique. Toujours sympathique pour savoir si vous ferez mieux que Barack Obama. Les profils de ces Etats sont uniques, et surtout, aucun ne peut se jouer de la même façon. Si jamais vous veniez à être lassé, vous pouvez toujours personnaliser le scénario en modifiant certains paramètres comme le niveau d’utilisation des voitures, la conscience écologique de la population etc. La rejouabilité est donc assurée. Il n’y a pas de date de jeu précise, juste une durée depuis le début de votre mandat.
Tous à l'Élysée !!!
Une fois votre pays choisi et éventuellement les options modifiées à votre guise, vous vous retrouvez devant l'écran principal de Democracy.
Déconcertant au premier abord, il est en fait extrêmement bien pensé. Au centre figure l'opinion politique de la population, découpée en 20 groupes différents. Ces groupes représentent des catégories sociales (classes pauvres, moyennes, riches) mais aussi des catégories d'emploi (fonctionnaires, agriculteurs...) ou encore des opinions politiques (libéral, socialiste, écologiste...). Bien évidemment, il est très difficile de satisfaire tout le monde vu que les intérêts de chacun de ces groupes divergent. Typiquement, patriotes et libéraux ne peuvent s'entendre, de même que les utilisateurs des transports en commun et ceux de leur voiture... Et pour compliquer encore plus les choses, un électeur peut faire partie de plusieurs groupes. Il peut en résulter que vous perdez les élections parce que vous n'avez pas reçu les votes des socialistes alors qu'ils étaient nombreux et satisfaits, tout simplement parce que vous ne plaisez pas aux artisans, aux classes moyennes et aux fonctionnaires qui eux-aussi étaient socialistes...
Le reste de l'écran est découpé en 7 grandes parties qui correspondent à autant de ministères : Economie, Fiscalité, Services Publics, Transports, Intérieur, Affaires étrangères, Affaires sociales. Chacune de ces parties peut contenir des indicateurs (le PIB, l'immigration, la qualité de l'air), icônes au fond bleu, très importants sur l'état de votre pays , mais aussi des lois, icônes à fond noir, des problèmes (icônes à fond rouge) et des états positifs (icônes à fond vert). Il va sans dire que tout ceci interagit.
Par exemple, une faible qualité de l'air entraine une pollution excessive. Cela déplait aux écologistes tout en favorisant les épidémies d'asthme, qui irritent les parents. De là vous aurez plusieurs solutions qui se manifestent toutes sous forme de lois. Toujours dans notre exemple, vous pouvez instaurer des contrôles des émissions aux industries ou aux voitures. Mais ces lois vont forcément déplaire à d'autres, et ainsi de suite.
Euh... A l'aide ?
Pour vous épauler dans votre lourde tâche, vous avez à votre disposition un ministre pour chacun des 7 domaines évoqués.
Ils ne prendront pas de décisions à votre place, mais dispose en revanche de deux variables : l'efficacité qui détermine les effets de vos réformes, et la loyauté. Un ministre efficace et loyal vous donnera plus de points d'action. Ce sont ces points d'action qui vous permettent d'engager de nouvelles réformes, ou d'en modifier l'intensité. Les lois coutent plus ou moins cher selon leur degré de controverse. S'il ne vous coutera qu'un point pour financer la pose de panneaux solaires chez vos citoyens, il vous en coutera 42 pour réduire le budget de la défense, sachant qu'au départ, vous gagnez 21 points par trimestre. Enfin, encore pour corser les choses, chaque ministre a des sympathies auprès de deux groupes de la population. Avoir ce ministre dans votre ministère vous octroie un léger bonus de satisfaction envers ces groupes. Revers de la médaille, si vous êtes impopulaire parmi les soutient de votre ministre, il claquera la porte, non sans affecter votre image.
Lors des élections, les citoyens sanctionnent le résultats de vos actions. L'abstention est prise en compte, et peut vous faire perdre le scrutin. Pour mobiliser les électeurs, vous devez avoir de nombreux adhérents à votre parti, adhérents qui ne vous rejoindront que s'ils vous apprécient beaucoup. Vous devez formuler des promesses pour votre second mandat. Libre à vous de ne pas les tenir, mais les électeurs n'ont pas la mémoire courte. Pas dans Democracy 2 en tous cas.
Un jeu modifiable à souhaitsC'est là que réside la force de Democracy 2. Les mécanismes sont simples d'accès (on ne fait au final que bouger des curseurs), mais cachent une profondeur et une complexité rarement atteinte dans un jeu. La durée du tour qui est de trois mois peut paraitre longue, les mandats ne durent au final que 16 tours aux Etats-Unis. Mais vous vous surprendrez en passant près de 10 minutes à réfléchir sur une seule de vos lois, bien souvent parce qu'elle vous pose un dilemme cruel.
En plus d'offrir une expérience de jeu plus qu'agréable, Democracy 2 peut se targuer d'être extrêmement modifiable. Vous pouvez ainsi créer de nouvelles lois, en en définissant les effets, le délai d'application ou encore le contenu de l'encyclopédie. Encore mieux, il est possible de modifier les lois existant dans le jeu de base. Et si ça ne vous suffit pas, il est même possible de toucher aux variables internes régissant les mécaniques du jeu. Avec le risque de tout déséquilibrer bien sûr. En fait, vous passerez plus de temps à dessiner une icône pour votre loi qu'à en coder le fonctionnement, car les effets des lois sont en fait de simples formules mathématiques, du genre "approbation_de_classe_de_population + 10%".
La page officielle des mods de Democracy 2 regorge de mods divers et variés. (lien : http://positech.co.uk/democracy2/modlist.html ). Certains moddeurs sont allés jusqu'à reproduire des pays existants : vous pourrez ainsi jouer le Canada, la France ou encore l'Allemagne. Vous trouverez également de nouvelles lois, de nouveaux dilemmes, de nouveaux drapeaux pour vos pays etc... De quoi augmenter encore la rejouabilité du titre.
Four more years ?
Democracy 2 possède des qualités indéniables. Ses mécanismes sont simples d'accès mais durs à maîtriser et l'apparente simplicité du gameplay (bouger des sliders) cache un jeu où la réflexion à court, moyen et long terme a une place prépondérante. On ne peut définitivement pas faire n'importe quoi. L'interface est elle aussi très claire malgré une impression de fouillis la première fois qu'on la voit. Les graphismes sont simples, très austères et froids (comme peut l'être le monde de la politique) mais ce n'est clairement pas là que réside l'intérêt d'un jeu comme Democracy 2. Un obstacle plus gênant est la barrière de la langue. Le jeu est en Anglais, et le vocabulaire se centre, vous vous en doutez, sur la politique. L'accessibilité du jeu s'en trouve donc affectée pour qui ne comprend la langue de Shakespeare, défaut que l'on peut tolérer sachant que Cliff Harris est seul sur ce projet.
Les plus :
- mécanismes bien pensés et équilibrés
- interface très pratique
- simple d'accès
- difficulté variable selon le pays et les options choisies
- rejouabilité très forte
Les moins :
- en Anglais uniquement
- très austère
- uniquement des pays fictifs, hormis les USA
- n'inspire pas assez d'autre développeurs de jeu...
Damien Mallet